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 King Bongo de Thomas Sanchez

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LP de Savy
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MessageSujet: King Bongo de Thomas Sanchez   King Bongo de Thomas Sanchez Icon_minitimeVen 11 Nov 2005 - 0:05

King Bongo de Thomas Sanchez

La Série noire se refait une jeunesse avec ce thriller, écrit magistralement d'une encre de la même couleur par l'écrivain californien.


Christophe Mercier
[10 novembre 2005] Le Figaro littéraire

APRÈS Le Jour des abeilles (2000), histoire d'amour et de résistance dans la France de l'Occupation, parenthèse surprenante qui s'explique cependant quand on sait que Thomas Sanchez passe une partie de sa vie à Paris, le romancier américain révélé en 1972 par Rabbit Boss, sa magistrale saga indienne, revient à un terrain qui lui est plus familier, celui du roman noir.


En ce sens, King Bongo, son nouvel opus, qui se déroule à Cuba, est comme un pendant de Kilomètre zéro (1989), qui avait pour cadre l'île de Key West, au large de Miami.


1956. Cuba est dirigée par le dictateur Fulgencio Batista, soutenu par les Américains. Les tortures sont monnaie courante, et dans le tristement célèbre «Champ d'ananas» pourrissent les corps des suppliciés. Dans les montagnes, les «barbus» de Castro conspirent. A La Havane, qui, victime des promoteurs, commence à voir ses vieux quartiers rasés pour faire place à des constructions modernes, les riches Américains fréquentent les hôtels chics et les boîtes de nuit au luxe de mauvais aloi. C'est dans l'une d'elles, le Tropicana, que tout commence. Parmi ses habitués, le chef de la police secrète, le lanceur vedette de l'équipe de base-ball, un play-boy américain venu disputer une course automobile, et Errol Flynn, séducteur mythique et vieillissant en quête de chair fraîche. Sans oublier King Bongo, métis d'une Noire et d'un GI, promoteur immobilier, ancien détective privé et collectionneur d'orchidées. En ce 31 décembre, la lascive Panthère, la soeur de King Bongo, aussi noire que lui est blanc, est en plein milieu de son spectacle. Soudain, quelques secondes avant minuit, une bombe explose. L'amie de King Bongo est déchiquetée, la Panthère disparaît...


On n'est qu'à la page 41 et, pendant les 350 qui suivent, Thomas Sanchez se déchaîne dans ce thriller superbe qui tient du roman noir, du roman d'espionnage, du roman politique. Embauché pour suivre son mari par une Américaine fascinante et glaciale, King Bongo, déjà à la recherche de sa soeur, réendosse sa défroque de privé. L'auteur joue brillamment sur les topos les plus attendus d'un genre ultracodé. Les scènes de violence succèdent aux moments d'humour, l'ambiance devient de plus en plus glauque, le lecteur se perd avec jubilation entre tueurs de la Mafia, étudiants gauchistes, membres de la police secrète. Comme dans tous les grands romans noirs, l'essentiel n'est pas dans l'intrigue (qui a jamais compris Le Grand Sommeil ? Sûrement pas Chandler, incapable lui-même de renseigner Howard Hawks sur le nom de son supposé coupable !), mais dans l'ambiance, les couleurs, le rythme. Et dans les seconds rôles. Ici, les deux hommes de main de la Mafia – le Lézard, raciste et borné, et PayDay, un petit chauve affublé d'une épouse complètement idiote et ultra-sexy qui, au milieu des exécutions et des attentats, reste préoccupée avant tout du prochain épisode de son feuilleton avec Lucille Ball – se taillent la part du lion : leurs dialogues sont des morceaux d'anthologie. On voudrait évoquer aussi le Singe, le jeune cireur noir, ou Mr Wu, le parrain de Chinatown.


Une dernière chose : on en veut un peu à Thomas Sanchez de son portrait d'Errol Flynn en vieux beau décati et libidineux. Même si son existence eut ses moments d'ombre, et s'acheva sans gloire, le sublime interprète de Raoul Walsh ne méritait pas cette charge posthume ! King Bongo inaugure en fanfare une Série Noire new-look et grand format, dont on espère qu'elle sera digne de feu La Noire qui, en dix années d'existence, a offert des découvertes mémorables aux amateurs de littérature américaine.
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