Si je devais... de Germaine Beaumont
Astrid de Larminat
[01 décembre 2005] Le Figaro littéraire
Protégée de Colette, la romancière Germaine Beaumont obtint le prix Renaudot pour son premier roman, Piège, paru chez Plon en 1930.
SORCIÈRE, Germaine Beaumont l'était à plus d'un titre. C'était même une sorte de destin puisque cette éminente femme de lettres qui publia son dernier roman, Une odeur de trèfle blanc (Gallimard), à l'âge de 91 ans était née le dernier jour d'octobre, lors de la nuit de Walpurgis de 1890. Elle-même, avec sa causticité légendaire et non sans une certaine coquetterie, se voyait comme la quatrième sorcière de Macbeth. Fantasque et imprévisible, excessivement susceptible et ombrageuse, son esprit à la virtuosité acide se régalait à démasquer les faux semblants et les complaisants, ce qui lui valut bien des rancunes et une réputation, qui n'a pas faibli vingt ans après sa mort, de teigne. «Je ne l'ai jamais rencontrée sans qu'elle me dise quelque chose de désagréable, mais je lui pardonnais tout parce qu'elle avait un don comique extraordinaire. C'était un hérisson de drôlerie», témoigne Jean Chalon.
D'autres n'ont pas cette indulgence et Hélène Fau, qui soutint sur elle sa thèse avant de fonder, pour faire connaître son oeuvre, une association, parrainée par d'éminents stylistes tels que Roger Grenier et Jean-Claude Pirotte, eut plus d'une fois à essuyer les récriminations de ceux qui l'avaient côtoyée. «Mais tous reconnaissaient ensuite la valeur de l'écrivain et l'injustice de la postérité», précise la jeune femme qui est à l'origine de la réédition par le Dilettante des premières chroniques – joyaux de prose poétique ! – que Germaine Beaumont donna aux Nouvelles littéraires, hebdomadaire auquel elle collabora jusqu'à la fin des années 60.