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 Amélie Nothomb au salon du livre

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LP de Savy
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MessageSujet: Amélie Nothomb au salon du livre   Amélie Nothomb au salon du livre Icon_minitimeMer 22 Mar 2006 - 23:00

Amélie Nothomb, bête de salon

Anne Fulda 22 mars 2006 Le Figaro

Elle est assise derrière son bureau. Comme une élève sage. Sorte de docteur Diafoirus aux longs cheveux et à la bouche rouge, Amélie Nothomb porte un énorme chapeau noir à larges rebords orné d'une boucle carrée. Sa tenue sombre fait ressortir son teint blafard, accentue son allure – savamment entretenue – de prêtresse néogothique. Et, à voir le nombre de personnes qui s'agglutinent, ce samedi, devant le stand où elle s'apprête à dédicacer ses livres, à voir la forêt d'appareils photo et de téléphones portables brandis pour voler une image de l'écrivain, le doute n'est pas permis : au Salon du livre, «la» Nothomb est une star. Elle crée l'événement. C'est la Mylene Farmer de l'édition. Qui sait savamment doser mystère et proximité. Talent et bons chiffres de vente.

Amélie Nothomb fait, en effet, partie de ces rares auteurs qui vendent à tous les coups. Elle appartient au petit club restreint des vaches à lait éditoriales. Publiant régulièrement, atteignant des diffusions qui se comptent en centaines de milliers d'exemplaires, traduite en 38 langues, l'écrivain belge n'est cependant pas un simple produit marketing. Et, surtout, malgré ses années de succès, et bien qu'elle ait aujourd'hui perdu ses moues enfantines, l'auteur d'Hygiène de l'assassin n'a pas l'air le moins du monde blasé. Elle a gardé une espèce de fraîcheur, de spontanéité, alliée à des manières policées de jeune fille de bonne famille.

Elle salue poliment chacun de ses admirateurs, les remercie, les bichonne, à la fois très proche d'eux, à l'écoute mais jamais familière. A ses côtés, sur la même rangée, ce jour-là, Kenneth White et Jean Raspail, deux autres auteurs de l'écurie Albin Michel, discutent entre eux pour faire passer le temps. «Raspail, comme la station de métro ?», interroge, perplexe, un admirateur de Nothomb. Il est comme les quelque cinq cents personnes qui font la queue sagement. Eux, ils sont là pour Amélie. Les autres écrivains n'existent pas. Ils sont monomaniaques, «nothombophiles», presque comme les membres d'une secte. Et s'ils sont venus des quatre coins de la France, s'ils patientent de longues minutes – deux heures en moyenne – pour approcher leur héroïne, ce n'est pas parce qu'ils sont mus par le syndrome «vu à la télé». Ce n'est pas, non plus, parce qu'ils font collection d'autographes d'écrivains connus. Non, ce public, majoritairement féminin et jeune, est là pour saisir une part d'Amélie. Pour voler quelques mots. Certains sont venus quatre heures à l'avance pour être sûrs de ne pas la louper. Pour être sûrs de pouvoir l'approcher, lui parler ou même la regarder. Juste la regarder. La boire des yeux. La scruter.

Comme ces trois jeunes filles qui restent accrochées aux barrières en fer que l'on a disposées pour contenir la foule d'admirateurs de «la» Nothomb. «Je suis fascinée par Amélie», dit l'une d'elles, âgée de 16 ans, piercing sur l'aile du nez, tandis qu'une autre, 23 ans, qui tremble d'émotion quand on lui demande de prendre une photo de son héroïne, s'extasie : «Pour moi, c'est l'écrivain contemporain le plus doué de sa génération. Je l'admire énormément et je veux lui remettre une lettre, suite à un message qu'elle m'a laissé il y a quelque temps sur mon téléphone portable. Je voudrais avoir un échange épistolaire et lui parler car la dernière fois que je l'ai vue en septembre, chez Virgin, je n'ai pas pu l'approcher.»

A quelques mètres d'elle, une dame d'une cinquantaine d'années est venue de province pour approcher l'écrivain. Elle a découvert ses écrits en lisant Cosmétique de l'ennemi, avant de dévorer toute l'oeuvre de l'auteur belge, et de décider de lui écrire. «Je suis très attachée à elle, on s'écrit depuis un an, de longues lettres manuscrites, approfondies qui s'enrichissent au fil des ans. Elle m'écrit chère amie, on se voussoie.» Cette lectrice n'est pas la seule à bénéficier de cette faveur.

Amélie Nothomb entretient, en effet, une correspondance avec de nombreux lecteurs, notamment beaucoup de jeunes filles «en souffrance». Chez Albin Michel, elle dispose d'ailleurs d'un petit bureau où s'amasse le courrier reçu. Et, à la voir signer avec application, pendant deux heures et sans pause, les livres ou cartes qu'on lui tend, on comprend qu'elle a noué avec ses admirateurs des relations inédites, parfois étroites. Elle en reconnaît certains, les appelle par leur prénom, connaît leurs histoires intimes, leurs petits tas de misères et splendeurs humaines. Elle semble boire leurs paroles, prendre en considération leurs problèmes. A chacun de ceux qui a patienté pour la voir, «la» Nothomb accorde un petit moment de bonheur, un mini-entretien personnalisé.

Elle plante ses yeux dans ceux de son interlocuteur, lui serre parfois la main, pose pour les photos comme une vraie pro, le sourire impeccable. Mais avec un impératif régulièrement répété par son attachée de presse : «Pas de flashes. Qu'est-ce que ça va donner ? On n'a pas envie de voir Amélie comme ça !» Amélie ne bronche pas, elle est toute à sa tâche. A cette jeune fille blonde coiffée d'une casquette en velours noir – est-ce par mimétisme qu'une bonne partie de ses fans sont parées d'un couvre-chef ? –, elle lance : «Je ne vous ai pas vue depuis deux ans et demi, comment allez-vous ? La dernière fois, vous étiez une petite fille avec sa maman.» Elle a l'air sincère, comme lorsqu'elle reçoit une espèce de couronne de pavots rouges de la part d'une admiratrice : «C'est une couronne, un collier ? C'est joli, ravissant. J'adore ça, c'est magnifique, vous êtes un amour», dit-elle, avant de la mettre à côté des cadeaux que ses fans lui ont apportés : une bouteille, des lettres stylisées, certains de ses livres traduits en serbe. Pour chacun, pour chacune, elle a un petit mot : «Merci d'être venu» ; «Vous êtes venu avec votre comparse ?»...

«Je suis toujours persuadée qu'autour de mes livres, il y a une grande histoire d'amour, parfois contrariée. C'est le seul sujet qui existe, non ?», confie-t-elle à une lectrice avec ce ton légèrement affecté qui fait sa patte. Elle sourit, se marre – «Ah bon ! vous n'êtes pas japonais mais mexicain, mexicain d'origine asiatique alors ?» –, enchaîne les dédicaces avec son stylo bic noir Cristal, boit une gorgée de champagne, n'accuse pas la fatigue tandis qu'à côté d'elle son attachée de presse s'époumone à répéter la même chose : «Ça va pas non de mettre les flashes en plein visage. Un peu de délicatesse !»

Après deux heures, et quelque cinq cents dédicaces, Amélie quitte son siège. L'air heureux d'avoir donné et reçu tant de preuves d'amour.
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