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 Mort de William Styron

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LP de Savy
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MessageSujet: Mort de William Styron   Mort de William Styron Icon_minitimeVen 3 Nov 2006 - 23:11

Mort de l'écrivain
William Styron
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NOUVELOBS.COM | 03.11.06 | 10:59
Mort de William Styron Trans
L'auteur du "Choix de Sophie" est décédé dans le Massachusetts aux Etats-Unis à l'âge de 81 ans.

'écrivain américain William Styron, qui dans son oeuvre a exploré les recoins les plus sombres de l'esprit et de la condition humaine, est décédé mercredi 2 novembre à l'âge de 81 ans à Martha's Vineyard, dans le Massachusetts.
Sa fille Alexandra a déclaré que l'auteur du "Choix de Sophie" était mort d'une pneumonie à l'Hôpital de Martha's Vineyard. Styron, qui possédait des domiciles à Martha's Vineyard et dans le Connecticut, souffrait depuis longtemps de problèmes de santé.

Culpabilité

Natif de Virginie où son père était armateur, Styron a consacré l'essentiel de son oeuvre à son obsession des rapports entre les races, les classes sociales et le sentiment de culpabilité avec des romans tourmentés tels que "Les confessions de Nat Turner" pour lequel il s'était vu décerner le prix Pulitzer malgré la vague de protestation qu'il avait provoquée, ses détracteurs l'accusant de racisme et d'inexactitude.
Mais c'est incontestablement "Le Choix de Sophie" publié en 1979, l'histoire d'une survivante de l'Holocauste venue de Pologne, qui donnera à Styron une notoriété internationale grâce notamment à son adaptation au cinéma en 1982 et à l'interprétation de Meryl Streep qui lui vaudra l'Oscar du meilleur rôle féminin. (AP)
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LP de Savy
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MessageSujet: Re: Mort de William Styron   Mort de William Styron Icon_minitimeVen 3 Nov 2006 - 23:15

Le 9 janvier 2003, l'écrivain américain, mort le 2 novembre 2006, avait accordé une interview, sa dernière, au Nouvel Observateur. Nouvelobs.com la republie en intégralité.

SI LES DEMOCRATES</B> avaient été portés au pouvoir en 2000, l'Amérique ne serait pas confrontée à la situation qu'elle connaît actuellement. Nous n'aurions pas assisté à cette entreprise délibérée menée par l'entourage de George Bush et qui n'a qu'un seul objectif: mener des frappes agressives contre l'Irak.Je pense que ce lobby, le plus souvent industriel, désire mener une guerre préventive tout en ayant présents à l'esprit des intérêts pétroliers. Je ne sais pas si on peut parler de folie mais j'estime que cette attitude est largement déraisonnable. Si cette guerre a lieu, et tout laisse à penser qu'elle aura lieu, elle sera très rapide. Le calcul est semblable à celui qui a été fait il y a douze ans, lors de la guerre du Golfe: il s'agit de mener une guerre préventive qui permette de subir le minimum de pertes. L'administration américaine peut envisager cette opération en sachant qu'elle sera menée par une armée professionnelle. Ceux qui la composent sont tous des gens qui ont été formés à ce métier, qui l'ont choisi, et à qui on a appris à tuer. Ce type d'armée peut se permettre plus facilement, et dans une certaine mesure, d'avoir des pertes. C'est une des raisons pour laquelle une majorité d'Américains approuve les initiatives qui sont prises actuellement. Nous ne sommes pas du tout dans la situation qu'a connue le pays au moment de la guerre du Vietnam.Le sentiment protestataire s'était répandu dans tout le pays parce que des jeunes gens issus de familles ordinaires étaient tués.
Dans le cas d'une guerre contre l'Irak, on ne risque pas de voir ce genre de situation se reproduire. Pour autant, je pense que ses conséquences peuvent être désastreuses. L'équilibre de la région en sera certainement modifié. Mais pour l'Amérique, je crois que le prix à payer, en termes financiers, risque d'être très élevé. L'administration est visiblement prête à assumer ce coût.Derrière elle s'agite tout un réseau de forces qui soutiennent la nécessité d'une guerre ayant pour but de mettre la main sur les richesses pétrolières. J'ai été surpris de lire dans la presse américaine, dans des magazines comme «US News» ou «World Report», des articles qui mettaient en évidence ce fait sans que l'on se pose plus de questions.
Saddam Hussein est un dictateur, il n'y a aucun doute là-dessus, il l'a largement prouvé par le passé. Son comportement, ses actes durant la guerre contre l'Iran, et par la suite également, ont montré qu'il est un tueur impitoyable.De là à affirmer que ce dictateur représente une menace pour notre sécurité est faux. Pendant la guerre du Golfe les missiles Scud que l'Irak a lancés contre Israël n'ont provoqué que des dégâts mineurs et tué seulement trois personnes. C'est ridicule! L'Irak n'a aucunement les moyens de produire à grande échelle des armes dites de destruction massive.
Je pense que la menace d'Al-Qaida est bien plus redoutable pour notre sécurité. Mais, curieusement, cette menace n'est plus évoquée que de manière secondaire - même si elle reste présente.
Cette tactique de diversion, qui consiste à tout focaliser sur l'Irak, me semble pour le moins étrange. Mais peut-être cette attitude est-elle dictée par des impératifs que nous ignorons.
L'aspect pétrolier, comme je l'ai déjà dit, n'est pas indifférent. On sait d'autre part que les réserves irakiennes sont très importantes et que le pétrole de leurs gisements est d'une excellente qualité. Quant à l'argument qui consiste à affirmer que cette guerre est destinée à affranchir le peuple irakien du joug d'une dictature, il n'a aucun sens.
Il existe bien d'autres pays, comme la Corée du Nord par exemple, où les populations sont tout aussi opprimées, si ce n'est plus. Est-ce pour autant que nous déclarons la guerre à leurs dirigeants? Eh bien, non, nous ne le faisons pas. Il est facile pour les services de propagande de Washington d'affirmer que cette guerre est aussi une lutte pour la liberté. Mais on sait parfaitement que ce n'est pas le cas.
Dans ma vie, j'ai eu l'occasion de me battre les armes à la main pour défendre cette liberté au moment de la Seconde Guerre mondiale. Là, il n'y avait aucune ambiguïté.
J'ai été également soldat pendant la guerre de Corée, mais mon enthousiasme de combattant était moins grand parce que nous étions censés nous battre contre une menace communiste qui ne concernait pas du tout les Etats-Unis mais bien plus la Corée du Sud. A quelques exceptions près, les intellectuels américains ne se mobilisent guère contre la menace d'un conflit en Irak.
Nous sommes loin de la protestation et de l'implication de ces mêmes intellectuels contre la guerre du Vietnam, une guerre qui représentait un danger évident pour la société: continuer à mener ce conflit était d'une irresponsabilité criminelle.
Dans le cas de l'Irak, la faible mobilisation actuelle s'explique largement par le fait que pour le moment cette guerre n'est qu'un projet. Mais les déclarations de l'entourage de George Bush n'en sont que plus étonnantes.
Quand j'apprends que Richard Perle, l'éminence grise du Pentagone, déclare que «les Irakiens nous seront reconnaissants», je pense que cela est extrêmement dangereux. Richard Perle est un personnage lui aussi extrêmement dangereux. C'est un provocateur, un fanatique très agressif. Il n'est pas le seul d'ailleurs, puisque des gens comme Rumsfeld, Cheney, Wolfowitz jouent un rôle tout aussi néfaste. Les groupes de droite chrétiens ont une influence profonde sur l'administration et sur le président Bush. Ce dernier leur fait acte
d'allégeance, ce qui a toujours été le cas des administrations républicaines, y compris celle de Ronald Reagan et de Bush père. Aux Etats-Unis, tout le monde redoute cette droite chrétienne. Même les démocrates n'ont pas osé les affronter. Lorsque Clinton était président, il n'a pas essayé de contrer leur pouvoir.
Les Etats-Unis sont aujourd'hui dans une situation de domination mondiale: de fait, ils sont la seule véritable puissance militaire de la planète. Tant que le pays consacrera autant d'efforts à accroître ses capacités militaires, il conservera cette place de leader.
Mais nous devons être vigilants car cette suprématie ne va pas sans danger. Elle risque d'engendrer une forme d'imprudence et d'inconscience. Cela dit, ce qui me trouble beaucoup en ce moment sur la scène américaine, c'est l'incapacité des démocrates à prendre des initiatives fortes dans les affaires publiques. Le fait même qu'ils aient voté les résolutions de l'ONU me semble vraiment très triste.
L'absence d'un leader véritable est en partie responsable de cette situation, mais j'estime vraiment très regrettable que les démocrates n'aient pas pris une position plus forte, plus tranchée, dans cette question de la guerre contre l'Irak.
Parmi les différences qui séparent républicains et démocrates se trouve celle du rapport à la culture. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'être un homme de très grande culture pour occuper une fonction présidentielle.
Si vous prenez quelqu'un comme Franklin Roosevelt, il n'était pas très cultivé mais, dans le même temps, il exprimait toujours un certain respect pour la culture. Un exemple identique a été celui de John Kennedy. Je pourrais citer encore d'autres noms. Dans le cas de George Bush, c'est tout à fait différent: il ne se gêne pas pour manifester le mépris qu'il a pour la culture. Je me souviens avoir assisté à une importante conférence consacrée à la littérature au cours de laquelle Barbara Bush a déclaré, et je l'ai clairement entendu, que son mari ne lisait jamais de livres.
J'estime qu'il est vraiment très regrettable que la femme d'un président des Etats-Unis se permette de faire de telles déclarations en public.
Cette scène m'a fait me remémorer une de mes rencontres avec François Mitterrand: c'était en 1989, au Musée d'Orsay. Il m'avait présenté au président Bush père et j'ai eu le très net sentiment que ce dernier ignorait totalement qui j'étais. Mitterrand s'en est rendu compte, alors il m'a pris par le bras et nous sommes allés discuter dans un coin.
La culture ne garantit pas forcément un mandat de grande qualité, mais elle donne un éventail de compréhension plus large à la fonction présidentielle. Pour avoir été méprisant à son endroit, un président comme Reagan a beaucoup contribué à dévaluer la fonction présidentielle. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire pour un président d'être obligatoirement un homme de grande culture, mais je pense qu'il doit au moins manifester du respect pour la culture.
La plupart des Américains n'ont pas une grande connaissance des oeuvres de leurs écrivains.
Une image très répandue laisse entendre que les Etats-Unis seraient un parfait désert culturel. Ce qui n'est pas tout à fait exact car les choses ont changé peu à peu. Certes, la culture populaire, qui s'exprime à travers le rock par exemple, est plus que jamais présente. Mais je dirais que, dans le même temps, la culture haut de gamme s'est renforcée et que la considération accordée aux écrivains est devenue plus importante même si, aux Etats-Unis, ils n'ont pas l'influence intellectuelle qu'ils ont dans d'autres pays. Pour autant, ils ne sont pas ignorés. Je n'ai d'ailleurs jamais eu l'impression, quant à moi, de l'être dans mon propre pays.
On a beaucoup parlé ces temps derniers aux Etats-Unis d'un sentiment antifrançais qui serait en train de se développer. Le comportement de la France, qui n'a pas soutenu George Bush dans sa volonté de procéder à des frappes unilatérales, a pu créer quelques frictions. Cette attitude a permis aux Nations unies de jouer pleinement leur rôle et de faire admettre, face à la menace d'un conflit, des arguments plus raisonnables. Si les Français n'étaient pas intervenus, nous aurions pris un chemin bien plus dangereux.
Les Américains ont toujours considéré que les Français étaient des gens capricieux et excentriques. Si vous demandez à un habitant de l'Illinois ce qu'il pense d'eux, il vous dira: «Ces Français, ils sont vraiment bizarres.» Mais d'un autre côté, il existe un profond respect pour la France et sa culture. Les attentats antisémites qui ont eu lieu en France ne remettent pas en cause cette vision: ils peuvent effrayer parce qu'ils viennent rappeler l'antisémitisme français du passé et susciter la crainte qu'il surgisse à nouveau. La presse américaine n'a pas su voir que ces actions n'étaient en rien significatives de l'attitude générale des Français envers les juifs.

Propos recueillis par François Armanet et Bernard Géniès
(le 9 janvier 2003)
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