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 Vous n'écrivez plus ? de Laurence Cossé

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LP de Savy
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MessageSujet: Vous n'écrivez plus ? de Laurence Cossé   Vous n'écrivez plus ? de Laurence Cossé Icon_minitimeJeu 26 Oct 2006 - 22:36

Un sang d'encre

Dominique Guiou, le Figaro du 26 octobre 2006.


Quelle est la vie des écrivains qui ne sont pas publiés ? Pourquoi certains cessent-ils d'écrire ? Onze portraits de parias de la république des lettres.
UNE ENQUÊTE avait été menée il y a une vingtaine d'années auprès de nombreux écrivains. Ils devaient répondre à une seule question : pourquoi écrivez-vous ? « Bon qu'à ça », avait lâché Beckett, le plus lapidaire de tous. Les autres eurent besoin de beaucoup plus de mots pour dresser, au bout du compte, le même constat : l'écriture est une fatalité. Le destin de l'écrivain, c'est de noircir des pages. Avec plus ou moins de bonheur, plus ou moins de talent et de facilité. Ils publient, donc ils existent. Mais qui pense aux romanciers dont les livres sont refusés par les éditeurs, qui songe aux affres des auteurs en panne ? Il faut savoir gré à Laurence Cossé de s'être penchée sur eux. Écrire ou ne pas écrire, telle est donc la question qui taraude les personnages, plus vrais que nature, de ce recueil de nouvelles. L'auteur les fait défiler au pas de course, et, à tous, elle pose la même question : « Vous n'écrivez plus ? »

Laurence Cossé capte avec une extraordinaire acuité les erreurs d'aiguillage, les rendez-vous manqués, les stratégies perdantes qui ont conduit à l'échec ces éclopés de la plume.

L'héroïne de la première nouvelle est l'obscure standardiste d'une maison d'édition qui, grâce à son imprenable poste d'observation, a pu croquer le petit monde germanopratin dans un manuscrit qu'elle n'avait jamais osé proposer à son employeur. À sa mort, les feuillets jaunis sont trouvés par sa fille dans une valise, au fond d'un placard. La jeune femme apporte le texte à un éditeur, qui l'accepte. Le livre paraît et obtient un grand prix littéraire... Dans un autre récit, on découvre une femme lettrée qui ne cache pas son admiration pour Béatrix Beck et ne se lasse pas de relire son Léon Morin, prêtre (qui se souvient que ce roman fut le Goncourt 1952 ?). Cette lectrice hors modes croise par hasard un écrivain qu'elle avait connu trente ans plus tôt , au moment où lui-même venait d'obtenir le Goncourt pour un roman érotique. C'est aujourd'hui un vieux monsieur, miné par la maladie, qui n'est plus que l'ombre effrayante du jeune homme glorieux dont la narratrice avait gardé l'image. Trente ans, une vie. Une vie consacrée à l'écriture de très courts textes, à la limite du lisible, textes si difficiles qu'ils ne trouvent plus d'éditeur, ce qui indiffère le vieil écrivain, du moins le prétend-il...

Un groupe d'écrivains sans livres

Voici un autre auteur, qui a connu, lui aussi, des débuts en fanfare. Mais, du jour au lendemain, il a disparu de la scène littéraire. Un journaliste, qui retrouve sa trace, s'interroge sur ce silence... Et que penser de cette mère de famille qui tente de trouver un peu de temps dans sa vie bien remplie pour noircir quelques pages, sans être sûre d'être éditée ?

Cet ensemble de onze nouvelles, qui se complètent comme les pièces d'un puzzle, sont de subtiles variations sur les drames intimes de ces exclus de la république des lettres, figurants qui participent aussi, à leur façon, à la grande aventure de la littérature. Pour brosser ces portraits, Laurence Cossé a sans doute puisé dans ses souvenirs. Elle semble dire ce qu'elle a vu, entendu, vécu. Avant de se consacrer à l'écriture de ses romans chaleureusement salués par la critique - on n'a pas oublié Le Coin du voile, magnifique polar théologique dans lequel elle imaginait ce que serait le monde si la preuve de l'existence de Dieu était faite -, elle fut une brillante journaliste littéraire. Elle garde de son passage par la presse un goût pour la phrase courte, tout en muscle. Ne pas s'appesantir certes, mais néanmoins tenter de percer le mystère des êtres, de révéler leur part d'ombre, au risque de raviver d'anciennes plaies pas toujours cicatrisées. C'est ce que l'auteur parvient à faire avec ce magnifique portrait de groupe d'écrivains sans livres.
Vous n'écrivez plus ? de Laurence Cossé, Gallimard.
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