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 Décès de Jean-François Bizot

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Fabien
Bavard



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Décès de Jean-François Bizot Empty
MessageSujet: Décès de Jean-François Bizot   Décès de Jean-François Bizot Icon_minitimeVen 14 Sep 2007 - 11:06

Bizot, underground
Le fondateur d’«Actuel» et de Radio Nova est mort hier.
Par Gérard Lefort (LIBERATION)
QUOTIDIEN : lundi 10 septembre 2007

Jean-François Bizot est mort hier. il avait 63 ans et le cancer qu’il tenait à distance depuis plusieurs années l’a rattrapé. C’est une très mauvaise nouvelle. Mauvaise pour ses nombreux amis, pour ses proches, mauvaise aussi pour le journalisme dont il incarnait depuis plus de trente ans «une certaine idée», libertaire, déconnante, souvent foutraque, mais toujours innovante et généreuse.
Né à Paris en 1944 dans un milieu de nantis, fils d’Ennemond et de Maguy, héritière d’une fortune lyonnaise, il a commencé par de solides études classiques, chez les jésuites à Versailles, puis à l’Ecole des industries chimiques de Nancy. C’est le côté catho éclairé, disait Jean-François : «Tu commences par assurer, et après tu fais ce que tu veux.» De fait, après avoir été ingénieur au Bureau d’information et prévisions économiques, le voilà journaliste à l’Express en 1967. Mai 68 va passer sur lui. Et aussi l’Amérique contestataire et sa free press dite underground.
En mai 1970, Bizot lance le magazine Actuel, premier organe de presse «alternative» à la française, avec entre autres Michel-Antoine Burnier, Patrick Rambaud, et un certain Bernard Kouchner. Actuel sera une expérience inouïe, limite, voire paranormale, où les textes sont parfois illisibles pour cause de typographie mal aux yeux. La faute sans doute à quelques abus dans un journal où on ne fume pas que la moquette. Mais on peut lire dans Actuel aussi bien des reportages «live» sur les Black Panthers que les premiers émois de la militance homo. Le magazine se passionne bien avant l’heure pour toutes les cultures alternatives, de l’écologie post-Beatnik au hip-hop.
«Free», Bizot l’est au point de saborder Actuel en plein ciel de gloire. «Actuel, c’est fini», titre l’ultime couverture du magazine. Autrement dit ça recommence, en 1979, avec un Actuel apparemment assagi qui devient vite le journal des «branchés», invention maison qui connut la fortune que l’on sait. C’est l’heure du journalisme «moi, je…». Actuel énerve, Actuel bricole avec ses «bouclages» à pas d’heure, sa passion pour la réécriture des articles, pas toujours bien maîtrisée. Mais Actuel fait toujours la part belle aux reportages qu’on n’appelait pas encore «décalés» et fait la fête à la crème des photographes.
En 1981, plus que jamais sur la brèche dans son immeuble-bureau- salon-rédaction de la rue du faubourg Saint-Antoine, Bizot lance Radio Nova, radio vraiment libre qui va défricher le meilleur de la musique monderne et mettre en voix des futurs célèbres : entre autres Edouard Baer, Ariel Wizman, Jamel Debbouze. En 1994, Actuel s’arrête et s’est Nova Magazine qui démarre, tentative d’un mensuel de ville (Paris) qui ne soit pas la récitation des dossiers de presse. Nova Mag ferme à son tour. Bizot s’intéresse aux rosiers et aux bébés, il joue au golf, il écrit des livres, se penche sur l’histoire de l’underground. Alors Jean-François, raconte, c’était quoi l’underground ? «Savoir faire un pas de côté, se risquer à faire ce que l’époque ne prend pas en compte..»



Jean François Bizot est mort
LE MONDE | 10.09.07 | 07h54 • Mis à jour le 10.09.07 | 09h19
Jack, c'est ainsi que Jean-François Bizot avait coutume d'appeler son cancer. "Jack le squatter, écrivait-il dans Un Moment de faiblesse (Grasset, 2003), on ne va pas oublier qu'il doit rester minoritaire en vous". Jack a fini par gagner. Fondateur d'Actuel et de Radio Nova, Jean-François Bizot est mort samedi 8 septembre à l'âge de 63 ans. Licencié en sciences économiques, diplômé de l'Ecole nationale supérieure des industries chimiques; ingénieur économiste au Bureau d'information et prévisions économiques (BIPE) puis, en 1967, journaliste à L'Express : rien ne prédestinait ce fils de famille à devenir l'un des papes de la contre-culture et de la presse underground. Survint Mai 68. Il devint maoïste, proche du PSU puis libertaire. Surtout libertaire en réalité.


Très jeune, son père lui avait confié 800 millions de centimes. Gauchiste et riche, Bizot se demanda quoi faire de tout cet argent. Avec une bande de copains (Michel-Antoine Burnier, Patrick Rambaud, Bernard Kouchner), il décida, en 1970, de transformer Actuel, une publication née fin 1968 dans l'explosion du free jazz en un journal underground. "A 20 ans, au milieu des années 60, écrivait Bizot dans la préface de Free Press, le magnifique ouvrage qu'il a consacré à la contre-culture vue par la presse underground (Panama, 2006), nous nous sentions comme des enfants accouchant d'un nouveau millénaire (…) Nous voulions tout réinventer. Une révolte à la fois clocharde, céleste, révolutionnaire, cyberfreaks et vidéo guérilleros, sexplorateurs, écologistes..".

Très vite Actuel vendit 50 000 exemplaires. Des noms mythiques, Zappa et ses Mothers of Invention, Captain Beefhaert, Tim Buckley. Une certaine manière de résister. "La contre-culture ! disait Jean-François Bizot. Vivre à l'écart pour se forger de nouvelles valeurs. Souterrain, marginalité, troc, route, communauté, liberté sexuelle, écologie, utopie, nouvelles technologies…" La première formule d'Actuel était tout cela à la fois. Aux côtés de Libé et de Hara-Kiri Hebdo, une véritable révolution dans la presse française.

Eclectisme de Bizot : en 1975, il publie avec ses deux compères Léon Mercadet et Patrice Van Eersel Au Parti des socialistes, plongée libre dans les courants d'un grand parti (Grasset). Un voyage dans la social-démocratie qu'il ne serait pas inutile de relire aujourd'hui. L'année suivante paraît Les Déclassés (Le Sagittaire, réédité en 2003 chez Grasset), un roman générationnel où se croisent tous les gauchismes, les avant-gardes, les Black Panthers, le MLF, les freaks, les hippies… 1981 : Mitterrand est élu, Bizot crée Radio Nova, sorte de prolongement radiophonique et musical de la nouvelle formule d'Actuel qu'il a inventé deux ans auparavant. Une "sono mondiale" où vont s'entremêler les rythmes de toutes les musiques. Il y eut aussi un nouveau journal, Nova magazine, des films, notamment Get up Stand up Histoire du reggae (1995) et Gimme my money back (1996), et mille autres choses encore.

Et puis il faut parler du personnage Bizot, sorte de patriarche de la maison Nova, généreux, fort en gueule, capable de parler des heures sans s'arrêter, vérifiant simplement qu'on le suit par des "d'accord ?" à répétition, un fou de jazz, de Kessel et de journaux, sans cesse à l'affût des nouvelles avant-gardes et des révolutions à venir. Il pestait contre l'air du temps anti-soixante-huitard. Attention, disait-il, à "cette société de la liberté surveillée qui se crée dans notre dos, par une coalition de quadragénaires psychomoralisateurs".

Ces dernières années, il avait dû batailler contre son cancer. Avait tout tenté pour le vaincre. A l'autre bout du fil, sa voix grave s'informait des dernières nouvelles de la presse, des projets à venir. Toujours avec cet humour tendre et corrosif qui était sans doute aussi une manière de toiser Jack. Il était une fois Jean-François Bizot, un homme libre dont la vie respirait grand angle.


Franck Nouchi


Jean-François Bizot
19 août 1944 : naissance à Paris.

1970 : cofondateur et directeur de la publication du mensuel Actuel.

1976 : publie Les Déclassés.

1981 : fondateur de Radio Nova.

8 septembre 2007 : mort à Paris.

LA MORT DE JEAN-FRANCOIS BIZOT
"Un homme universel"
NOUVELOBS.COM | 10.09.2007 | 15:03


Quel homme était Jean-François Bizot ? Comment travaillait-il ?

- Il était une espèce d'homme universel. Il s'intéressait à la fois à la science et à la littérature, qu'elle soit classique ou d'avant-garde. Il était à l'affût de tout. Il a voyagé partout, d'Asie en Afrique. Il enchaînait les nuits blanches. Il vivait dans une agitation permanente. Séduction, orgueil, colère, mauvaise humeur : tout se mélangeait chez lui. Physiquement, il était impressionnant : très grand, avec ses cheveux blonds qui lui tombaient sur le visage. Je le connaissais depuis plus de 40 ans. Il était très exigeant. Au journal, il arrivait qu'il demande de tout changer au dernier moment: les textes, les cadrages… Il faisait souvent réécrire trois fois les articles, y compris les siens. Il n'a jamais pris de vacances. En 1989, il était très fatigué. Nous lui avons conseillé de prendre des vacances. Il est parti à Soweto, en Afrique du Sud, au moment de l'Apartheid et des émeutes. Il est rentré avec un reportage, reposé et heureux.

Quel accueil a reçu le magazine Actuel à sa sortie dans les années 1970?

- La presse classique a très mal reçu Actuel. Le magazine a, par contre, été totalement assimilé par les jeunes, qui se retrouvaient dedans. D'ailleurs, les plus de 30 ans ne le lisaient pas. Le premier numéro a été lancé à 30-40.000 exemplaires. Les ventes des numéros 3 et 4 ont été catastrophiques. On a alors fait un numéro 4 génial avec nos copines du MLF, sur la libération des femmes. A partir de là, la machine était lancée, on tirait à 70.000 exemplaires. Le jour où nous avons arrêté le journal de notre plein gré, fait très rare, la presse nous a soudain encensés. On est devenus géniaux. Il faut croire qu'en France, on aime les enterrements.

Qui sont les héritiers de Jean-François Bizot ?

- Il en a beaucoup. Tout d'abord, Radio Nova. Ensuite, des dizaines de journalistes, de talents formés par lui : Ariel Wizman, Philippe Vandel, Edouard Baer, Jamel Debbouze… Je dirais que la moitié du Canal + flamboyant vient de lui. Il avait l'œil pour repérer les gens. Quand Jamel Debbouze avait 19 ans, il lui a dit "Toi tu es nul, mais tu ne vas pas le rester." Il ne se contentait pas de dénicher les personnes, il les formait également, en leur faisant réécrire plusieurs fois leurs papiers. Tous ceux qui passaient entre ses pattes cruelles en savaient quelque chose.

Propos recueillis par Bérénice Rocfort-Giovanni
(le lundi 10 septembre 2007)


http://www.republique-des-lettres.fr/10060-jean-francois-bizot.php
Jean-François Bizot
Décès de Jean-François Bizot, pape de la contre-culture et de la free-press française des années '70.
Le journaliste et écrivain Jean-François Bizot, fondateur d'Actuel et de Radio Nova, est mort samedi 08 septembre des suites d'un cancer, à l'âge de 63 ans.
Né le 19 août 1944 dans une famille catholique de la bourgeoisie lyonnaise, Jean-François Bizot a suivi des études de lettres et de sciences économiques. Diplômé de l'École Nationale Supérieure des Industries Chimiques de Nancy, il a d'abord occupé un poste d'ingénieur économiste au Bureau d'Information et de Prévisions Économiques (BIPE) avant de travailler comme journaliste à L'Express de 1967 à 1970.
Maoïste en mai 1968, puis anarchiste libertaire inspiré par le mouvement hippie américain, Jean-François Bizot fonde en 1970 avec son héritage de 800 millions de centimes le journal Actuel (titre d'une petite publication créée à l'origine en 1968 et dédiée au Free Jazz), en compagnie de Michel-Antoine Burnier, Patrick Rambaud, Bernard Kouchner et Jean-Pierre Lentin. Le magazine, consacré à la contre-culture et aux alternatives politiques et sociales (écologie, féminisme, gauchisme, libération sexuelle, communautés, drogues, rock, etc), devint rapidement le titre phare de la free-press française des années '70. Il paraîtra pendant cinq années avant de s'arrêter et de renaître en 1979 sous une deuxième formule qui accompagna elle les tendances des années '80 et perdurera jusqu'en 1994 avant d'être remplacé par Nova Mag. Pionnier des radios libres nées en France à la suite de l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République, Jean-François Bizot a également fondé en 1981 Radio Nova, la radio consacrée aux nouvelles musiques (hip hop, rap, world music, techno,..) et repris avec Frank Tenot la radio jazz TSF. C'est de ces magazines et radios que sont issus de nombreux animateurs, journalistes ou humoristes de la télévison d'aujourd'hui, de Philippe Vandel à Édouard Baer en passant entre autres par Ariel Wizman ou Jamel Debbouze.
Parallèlement à ses activités de patron de presse et de journaliste, Jean-François Bizot a également été réalisateur de films documentaires et producteur de musique, de cinéma et de télévision. Il est l'auteur de plusieurs romans dont notamment Les Déclassés (1976), Les Années blanches (1979), Un moment de faiblesse (2003, inspiré par le cancer qui le rongeait alors), Une bonne corrrection (2005), ainsi que d'enquêtes et essais comme Au Parti des socialistes (1975, avec Léon Mercadet et Patrice Van Eersel), Underground, l'histoire (2001), Vaudou et compagnies (2005) ou encore Free Press : la Contre-culture vue par la presse Underground (2006). Il a également traduit en français plusieurs livres de Charles Bukowski.
Dans un communiqué, Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, a rendu hommage à "cet immense journaliste qui, durant plus de trente ans, a inlassablement capté les tendances, les évolutions de notre société en contribuant activement à les faire émerger et partager par de nombreuses générations". C'était selon elle un "défricheur de talents, audacieux et curieux de tout, avant-gardiste, pionnier des cultures alternatives dont il était le porte-parole et l'avocat inlassable".

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