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 Michel Houellebecq par Patrick Besson

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LP de Savy
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MessageSujet: Michel Houellebecq par Patrick Besson   Michel Houellebecq par Patrick Besson Icon_minitimeMer 5 Oct 2005 - 12:07

Le Figaro Littéraire, 6-9-01

Michel Houellebecq, le tiers-mondiste sexuel

Le sujet du nouveau roman de Michel Houellebecq aurait beaucoup plu au regretté Alphonse Boudard, dont c'était l'un des chevaux de bataille : la réhabilitation des maisons closes. Faut-il oui ou non rouvrir les bordels ? A cette question un peu angoissante qui a beaucoup agité les cafés du commerce depuis une cinquantaine d'années, Houellebecq, avec cette pesanteur lente qui caractérise parfois les informaticiens venus sur le tard à la littérature, répond : " Oui ". Mais comme à ses yeux il n'y a plus de femmes dignes de ce nom en Europe et notamment en France, il faut désormais installer ces heureux établissements sous d'autres cieux : Cuba, Kenya, Thaïlande... Tout le monde y trouvera son compte : les Occidentaux frustrés, les voyagistes aux abois et les autochtones désargentés. Michel pense que la terre est un paradis, à condition que les riches puissent baiser et les pauvres manger. L'aide au sous-développement devrait désormais se faire, selon lui, de la main à la main, ou plutôt de la queue à la chatte (ou à l'anus, pour les bi). Il n'y a aucun second degré et même nulle trace d'humour dans la façon dont ces idées sont développées dans Plateforme.

Houellebecq les déroule avec ce vieux sérieux poseur, quoique un peu ahuri, qu'il avait déjà le jour où, au siècle dernier, il reçut le prix de Flore dans le café de Miroslav Siljegovic. Le roman est un puissant éloge du tourisme sexuel et un encouragement clair à la pédophilie, l'unique rapport amoureux satisfaisant de l'un des personnages Jean-Yves se passant avec une baby-sitter noire de quinze ans. Houellebecq ne montre un peu de son ironie pataude que pour se moquer, justement, des adversaires du tourisme sexuel et de la pédophilie : écologistes emmerdants, naturopathes de gauche, profs hypocrites, beaufs véliplanchistes asexués.

Dans le roman, il choisit son camp et ne le quittera plus ; c'est celui des libertins partouzards regardant de haut l'humanité non baisante. Les vraies femmes sont, pour lui, celles qui vous caressent sur commande et tripotent une autre fille devant vous pour vous exciter, les autres étant de tristes connes à baiser d'urgence.

Il y a du Alain Paucard (Le Guide Paucard des filles de Paris et aussi un peu Le Cauchemar des vacances, récemment réédité à L'Age d'homme) et du Gabriel Matzneff Ivre du vin perdu dans cette apologie du plaisir tarifié sous les cocotiers, mais un Paucard et un Matzneff qui auraient lu Auguste Comte au lieu de Gripari ou Byron. Les livres de Houellebecq sont rédigés comme les notes internes des petites et moyennes entreprises, c'est peut-être pour çà que tout le monde les lit, car c'est important une note interne, et elles sont nombreuses, les petites et moyennes entreprises. Houellebecq travaille aussi beaucoup avec Le Nouvel Economiste et Le Monde diplomatique sur les genoux. Quant aux descriptions de pays, elles sont tirées des Guides Bleu ou Michelin, comme dans les catalogues des agences de voyages. L'histoire d'amour entre Michel et Valérie est un mélange d'Harlequin pour les sentiments et de SAS pour les scènes de cul. La touche personnelle est assurée par des moqueries contre l'art contemporain, vieux compte réglé en passant avec la revue Perpendiculaire, et une espèce de pessimisme ronchon — encore Paucard !— à la Desproges-Woody Allen.

Si encore Michel, Valérie et Jean-Yves vivaient et mouraient heureux après être devenus les initiateurs, les organisateurs et les principaux actionnaires d'un gigantesque bordel international, Plateforme aurait alors valeur d'oeuvre subversive, choquante et dérangeante. Mais Houellebecq reconnaît son monde et son marché. Ce petit bourgeois est un petit délinquant et un petit commerçant. A force d'aller aux putes, il finit par la faire. Dans la littérature, il n'a pas un boulevard, mais un trottoir. Son truc — en plume ! — est de dire aux gens de transgresser les lois morales et sociales et de leur montrer après que c'est impossible. Du coup, ils montent avec lui et la seule chose qu'ils puissent faire ensuite, c'est redescendre. Des terroristes islamiques viendront briser le rêve hédoniste de nos trois héros, par un attentat dans lequel mourra Valérie. Méchants musulmans, bougonne Michel, qui comprennent que dalle à la beauté de la prostitution en plein air. Il a, du coup, une sévère dent contre l'islam, exprimée comme suit : " Chaque fois que j'apprenais qu'un terroriste palestinien, ou un enfant palestinien, ou une femme enceinte palestinienne, avait été abattu par balles dans la bande de Gaza, j'éprouvais un tressaillement d'enthousiasme à la pensée qu'il y avait un musulman de moins. " ça tombe pile.

Patrick BESSON
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LP de Savy
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq par Patrick Besson   Michel Houellebecq par Patrick Besson Icon_minitimeMer 12 Oct 2005 - 17:29

Décidément, Patrick Besson ne comprend rien à rien. Non content d'avoir assassiné Amélie Nothomb dans le Figaro cette année (après l'avoir tout de même comparé à Dostoïevski dans un papier de Voici de l'an dernier), voilà qu'il descend Houellebecq dans son premier "feuilleton" du Figaro ce mois-ci (mais peut-être qu'il le comparera à Shakespeare dans six mois...)
Ce qui est décevant dans cette descente, c'est qu'elle rend plus compte du mauvais lecteur qu'est Besson que du livre de Houellebecq. Patrick semble en effet à avoir du mal avec la distanciation et l'ironie qui font la marque du style houellebecquien. Prendre pour argent comptant ce que l'auteur de Plateforme dit des femmes musulmanes mortes, voir dans certaines pages un "encouragement clair à la pédophilie", ce n'est plus de la malveillance, c'est de la cécité doublée d'une lobotomie littéraire. A voir Besson lire ainsi Houellebecq, on se dit qu'il a dû un jour penser que Victor Hugo était pour la misère et l'injustice sociale en écrivant Les Misérables ou qu'il y a une chartreuse à Parme car Stendhal a écrit un livre qui s'appelle La chartreuse de Parme.
N'oublions pas que Patrick est un Gémeaux, et comme tous les représentants de son signe, schizophrène et superficiel, il pense vite et parfois trop vite, transformant son intelligence réelle en bêtise crasse. Il est pour moi avéré qu'entre deux bonnes intuitions, Besson gâche le plus souvent ses analyses socio-mondaines par la précipitation et le bâclage. Ses chroniques télé, ses portraits de Voici et aujourd'hui son "feuilleton" chez Rouard excitent l'esprit par les indéniables saillies qui les composent mais figent le sourire par les facilités et les bêtises que l'auteur de La paresseuse, draine sans complexe.
Alors certes on dira que Besson résiste à la houellebecquisation des esprits et que traiter à la légère un phénomène littéraire est plus insolent que n'importe quelle critique du monde contemporain. Las ! on peut ne pas être à la mode tout en étant en même temps à côté de la plaque - en l'occurrence de la plateforme. La conscience de Patrick, adolescente et baroudeuse, sans foi ni loi, s'arrête où commence celle de Michel, universelle, blessée, et adulte. Plateforme, comme Les Particules, comme Extension s'impose comme une des rares oeuvres "matures" du roman français. L'abnégation des hommes devant la tristesse du monde, le désespoir relationnel, l'aboulie sexuelle, la tentation vaine du "voyage" sont au coeur de cette oeuvre puissante et désabusée qui est celle de Houellebecq. On comprend que ces thèmes dépassent Patrick, éternel pré-pubère, qui ne comprend du monde que les sensations primaires. Et encore que "monde "soit déjà pour lui un concept trop compliqué.

*Montalte, et seule la nuit l'entendit.

nb. Pris sur le forum consacré à P.Besson.
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