Dans le journal de Phébus, je lis : "J’ignorais que P. Nizan n’avait pas écrit « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie », l’un des commencements les plus célèbres de la littérature française, sur son tapuscrit, mais qu’il l’avait ajouté dans les épreuves avant publication".
Ah, le problème de la première page ! La première page (une des rares que lisent les éditeurs à qui l'on propose des manuscrits), personne ne l'écrit jamais en premier. C'est toujours retravaillé mille fois et surtout remanié à plusieurs reprises, en fonction de l'évolution du manuscrit, lors du travail d'écriture. Sans parler de la lumière qui se fait (ou ne se fait pas), un jour, dans la tête de l'auteur qui, heureusement inspiré, s'empresse d'ajouter le trait génial sur les épreuves, avant qu'il ne soit trop tard.
A l'inverse, beaucoup de romans commencent par ce que les éditeurs appellent "le bulletin météo". Cela donne : "Il pleuvait ce jour-là comme jamais", ou "Un très grand froid sec s'était installé sur le pays depuis deux jours". Bref, si vous commencez comme ça, vous pouvez être certain que la réponse sera négative.