Philippe Sollers
Propos recueillis par Frédéric Picard
02 mars 2006, le Figaro littéraire
Il vient de publier Une vie divine, dont Friedrich Nietzsche est l'un des personnages. Rencontre avec un amoureux des beaux textes, chez qui la provocation et le goût de l'esquive constituent une carapace.
LE FIGARO LITTÉRAIRE. - Depuis cinquante ans, Sollers, c'est l'éternel retour ?
Philippe SOLLERS. - Eh oui ! Délices pour ceux qui m'aiment, cauchemars pour ceux qui ne m'aiment pas.
Être Sollers, c'est « tout un art ». Un art de quoi ?
De vivre.
Est-ce l'aurore ou le crépuscule qui vous inspire ?
L'aurore, évidemment. Aurore est d'ailleurs le titre d'un livre merveilleux de Nietszche, dont vous n'avez pas oublié l'exergue, tiré du Rig-Veda : « Il y a tant d'aurores qui n'ont pas encore luit. »
Vous avez dit : « Lire, c'est se réveiller. » Vous écrivez donc en dormant ?
Et comment ! Mes rêves pourraient vous le dire.
Vous croisez Zarathoustra, il vous regarde et s'exclame : « Votre tête me dit quelque chose. » Que répondez-vous ?
Tu n'es pas Zarathoustra, pauvre noix !.... Il n'aurait jamais employé cette expression. Tu regardes trop la télé.
Allez, pour votre promo, je vous invite à faire l'épître en une phrase.
Trop de livres inutiles et nuls. Le mien suffit amplement et pour longtemps.
Quel auteur est à des années-lumière du système Sollers ?
Dan Brown.
Si vous étiez un péché, vous seriez ?
Il n'y a pas de péché, c'est une invention de la police cléricale.
Finissez cette phrase : « Je ne sais pas si je suis humain, trop humain, mais cette rencontre m'a... »
Écoeuré.
Qui lisez-vous en secret ?
Je lis tout à livre ouvert.
Message personnel :
L'amour meut le soleil et les autres étoiles.