Propos insignifiants
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 Décès de Vladimir Volkoff

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Sébastien
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MessageSujet: Décès de Vladimir Volkoff   Décès de Vladimir Volkoff Icon_minitimeJeu 15 Sep 2005 - 10:18

14/09/2005 - 15h08
Écrivain français d'origine russe
Décès de Vladimir Volkoff
Associated Press (AP)


L'écrivain français d'origine russe Vladimir Volkoff, auteur notamment du roman d'espionnage Le Retournement qui le révéla au public en 1979, est décédé dans la nuit de mercredi à l'âge de 72 ans, a-t-on appris auprès des Editions du Rocher, un de ses éditeurs.

L'écrivain est mort dans sa maison de Bourdeilles (Dordogne), apparemment victime d'une rupture d'anévrisme ou d'un infarctus foudroyant, a indiqué Pierre-Guillaume de Roux, directeur littéraire des Editions du Rocher.

Diplômé en lettres classiques, docteur en philosophie, romancier, essayiste, il était l'auteur de nombreux ouvrages, marqués par les thèmes de la guerre froide, du renseignement, de la manipulation, mais aussi de la métaphysique et de la spiritualité, a expliqué M. De Roux à l'Associated Press.

La foi orthodoxe était «cardinale» pour cet écrivain né à Paris le 7 novembre 1932 de parents russes émigrés, arrière petit-neveu du compositeur Tchaïkovski.

Après des études à l'université de la Sorbonne à Paris et celle de Liège, il a été professeur d'anglais à Amiens (1955-57). Engagé dans l'armée française (1957-62) pendant la guerre d'Algérie, il a été officier du renseignement, une expérience qui le marquera et inspirera son oeuvre.

Il a également été traducteur (1963-65), professeur de français et de russe aux États-Unis (1966-77). Parmi ses oeuvres figurent L'Agent triple (1962), Métro pour l'enfer (1963), Les Mousquetaires de la République (1964), Vers une métrique française (1977), et Le Retournement (1979), qui lui a valu une renommée internationale.

Dédié à Graham Greene, un de ses maîtres, ce roman traduit en 12 langues tire son titre de la manoeuvre consistant à faire travailler à son profit un agent adverse débusqué. Le Retournement raconte une histoire d'espionnage où s'affrontent services de renseignement américains, français et soviétiques.

En 1980, paraissent Les Humeurs de la mer, vaste fresque contemporaine en quatre volumes: Olduvaï, La Leçon d'anatomie, Intersection, Les Maîtres du temps. Avec Le Montage, Grand Prix du roman de l'Académie française (1982), Vladimir Volkoff met en scène les méthodes et les réseaux de la «désinformation» soviétique en Europe.

Pouvoirs, manipulations, luttes d'influence, désinformation sont au centre de plusieurs de ses livres, comme L'Interrogatoire (1988), Les Hommes du tsar (1989), un roman historique sur la Russie de la mort d'Ivan le Terrible à l'avènement des Romanov, Le Bouclage (1990), un roman sur l'insécurité des grandes métropoles, La Trinité du Mal ou Réquisitoire pour servir au procès posthume de Lénine, Trotski et Staline (1991), Petite Histoire de la désinformation (1999), Désinformation flagrant délit (1999), L'Enlèvement (2000), Manuel du politiquement correct (2001).

Vladimir Volkoff était également l'auteur de biographies historiques (Vladimir, Le Soleil rouge, Tchaïkovski) et a écrit pour le théâtre. Le Grand Prix Jean-Giono pour l'ensemble de son oeuvre lui a été décerné en 1995.

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MessageSujet: Re: Décès de Vladimir Volkoff   Décès de Vladimir Volkoff Icon_minitimeJeu 15 Sep 2005 - 11:55

Merci pour ce message Sébastien, on ne pouvait pas ne pas évoquer ici le décès de Vladimir Volkoff. Je n'ai pas eu envie de lire ses livres sur l'époque contemporaine (sur la désinformation par exemple) mais je tiens Les Hommes du Tsar, Les Faux Tsars et Le Grand Tsar Blanc pour de très grands romans.


Dernière édition par le Jeu 15 Sep 2005 - 20:08, édité 1 fois
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Sébastien
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MessageSujet: Re: Décès de Vladimir Volkoff   Décès de Vladimir Volkoff Icon_minitimeJeu 15 Sep 2005 - 15:38

Moi c'est plutôt l'inverse. Je n'ai lu aucun de ses romans mais j'ai dévoré ses deux livres sur la désinformation. J'ai appris grâce à lui que ce sont les Russes qui ont inventé cette notion de désinformation, au début de la la guerre froide. Ensuite le mot a eu le succès que l'on sait grâce aux livres de Volkoff notamment. Guy Debord s'intéressait à ses romans et était jaloux du fait que le mot de désinformation était plus populaire chez les journalistes que son concept de spectacle. On a beau être un grand penseur, on n'a pas le pouvoir d'imposer les mots, à moins de disposer d'une police.
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Sébastien
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MessageSujet: Re: Décès de Vladimir Volkoff   Décès de Vladimir Volkoff Icon_minitimeJeu 15 Sep 2005 - 15:46

Le Monde, tout en finesse... Pourquoi préciser que Volkoff professait des convictions réactionnaires ? Ce journal est un torchon.


Citation :
Nécrologie
Vladimir Volkoff, écrivain d'origine russe aux convictions réactionnaires
LE MONDE | 15.09.05 | 13h26 • Mis à jour le 15.09.05 | 13h26

L'écrivain français d'origine russe Vladimir Volkoff est mort à 72 ans, probablement d'un infarctus, dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 septembre, à son domicile de Bourdeilles (Dordogne).

Fils de Russes blancs ayant fui leur pays au début du XXe siècle, il était né à Paris le 7 novembre 1932. Arrière petit-neveu du compositeur Tchaïkovski, il avait consacré une biographie à l'auteur d'Eugène Onéguine (Julliard, 1983) et était resté nourri, sa vie durant, par l'histoire, la langue et la littérature russes. "Je me reconnais comme Russe et comme Français. J'aime me servir de la langue française alors que je peux écrire en russe ou en anglais", indiquait ce candidat malheureux à l'Académie française.

Après une licence de lettres classiques à la Sorbonne, Volkoff fait l'expérience de l'enseignement puis de la vie militaire pendant la guerre d'Algérie. Ses premiers romans, chez Julliard, L'Agent triple (1962), puis Métro pour l'enfer (prix Jules-Vernes 1963), lui valent un succès d'estime. Mais c'est Le Retournement (Julliard/L'Age d'homme) qui le révèle au grand public en 1979. Traduit dans douze langues, ce roman d'espionnage est dédié à Graham Greene. Sa dimension métaphysique et spirituelle ­ - Volkoff était un orthodoxe convaincu ­ - en font un objet littéraire singulier dans le sillage duquel s'inscrit Le Montage (Julliard/L'Age d'homme, 1982, Grand Prix de l'Académie française).

Entre-temps, quittant le terrain de l'espionnage, Volkoff signe, dans les années 1980, Les Humeurs de la mer (Julliard), fresque contemporaine en quatre volumes dont la construction rappelle celle du Quatuor d'Alexandrie - ­ Volkoff est un admirateur de Lawrence Durrell auquel il consacrera Lawrence le Magnifique ou Lawrence Durrell et le roman relativiste (Julliard/L'Age d'homme, 1984).

Viendront ensuite Le Trêtre, Le Professeur d'histoire, Nouvelles américaines, L'Interrogatoire et Les Hommes du Tsar, un roman historique sur la Russie du "temps des troubles" de la mort d'Ivan le Terrible à l'avènement des Romanov.

Traducteur d'anglais et de russe, Vladimir Volkoff était l'auteur d'essais où se lisent ses convictions réactionnaires telles que La Désinformation, arme de guerre (Julliard/L'Age d'homme, 1986), Du Roi (Julliard/L'Age d'homme, 1987), La Trinité du mal (De Fallois/L'Age d'homme, 1990), La Bête et le Venin (De Fallois/L'Age d'homme, 1992) ou Petite histoire de la désinformation (Le Rocher, 1999).

Marqué par Maurras, proche de son secrétaire Pierre Boutang, Vladimir Volkoff revendiquait son engagement à droite. "Il ne me semble pas que le monde ait jamais connu un "politiquement correct" aussi omniprésent, aussi insidieux, aussi triomphant que le nôtre", aimait dire cet homme qui qualifiait le communisme d'"épidémie mentale". "Il était resté profondément fidèle au roi et à l'idée monarchiste", commente un de ses éditeurs, Pierre-Guillaume de Roux, directeur littéraire des éditions du Rocher.

Au Rocher, sortira en 2006 le prochain roman de Vladimir Volkoff, Le Tortionnaire, l'histoire d'un jeune homme pris dans l'engrenage politique et militaire de la guerre d'Algérie, un âpre récit où reviennent en force ses thèmes de prédilection.

Florence Noiville
Article paru dans l'édition du 16.09.05

Le Monde
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Jacques Layani
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MessageSujet: Re: Décès de Vladimir Volkoff   Décès de Vladimir Volkoff Icon_minitimeJeu 15 Sep 2005 - 15:48

C'est un peu hors sujet, mais je suis fasciné, justement, par les auteurs qui, involontairement d'ailleurs, créent ainsi des mots qui passent ensuite dans l'imaginaire collectif. Fascinant, non ? Créer un mot !

Et créer un personnage, donc... Inventer les Thénardier. Un siècle et demi plus tard, on peut dire : "Celui-là, c'est un Thénardier", et tout le monde comprend. Fantastique.
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http://lesmotsontunsens.fr.tc
Fabien
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MessageSujet: Re: Décès de Vladimir Volkoff   Décès de Vladimir Volkoff Icon_minitimeJeu 15 Sep 2005 - 16:51

Sébastien a écrit:
Le Monde, tout en finesse... Pourquoi préciser que Volkoff professait des convictions réactionnaires ? Ce journal est un torchon.

"Réactionnaire" n'est pas une insulte, Sébastien, et je suis sûr que Volkoff aurait revendiqué cette étiquette, comme bon nombre d'écrivains actuels. Réactionnaire = qui réagit, plus particulièrement aux excès du "progressisme" à tout va, ce qui me semble être une attitude tout à fait saine.

Surtout que le paragraphe explicatif suivant n'a rien d'infâmant :


Citation :
Marqué par Maurras, proche de son secrétaire Pierre Boutang, Vladimir Volkoff revendiquait son engagement à droite. "Il ne me semble pas que le monde ait jamais connu un "politiquement correct" aussi omniprésent, aussi insidieux, aussi triomphant que le nôtre", aimait dire cet homme qui qualifiait le communisme d'"épidémie mentale". "Il était resté profondément fidèle au roi et à l'idée monarchiste", commente un de ses éditeurs, Pierre-Guillaume de Roux, directeur littéraire des éditions du Rocher.

Je n'ai pas lu grand chose de lui, mais j'avais adoré "Le Montage" quand il est sorti en 1982, d'autant plus qu'on n'avait pas tellement l'habitude de lire ce genre de thèse dans le climat de terrorisme intellectuel marxiste de l'époque.

D'autre part, je suis loin d'être un inconditionnel du "Monde", mais il faut bien reconnaître que c'est un des seuls journaux qui a pris la défense de notre réactionnaire préféré, Michel H, pour "La Possibilité d'une île", et j'ai apprécié l'attitude de Josyane Savigneau à Campus face à tous les roquets haineux qui se déchaînaient contre lui avec toute la mauvaise foi dont ils étaient capables Evil or Very Mad .
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Sébastien
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MessageSujet: Re: Décès de Vladimir Volkoff   Décès de Vladimir Volkoff Icon_minitimeJeu 15 Sep 2005 - 17:20

Le mot "réactionnaire" est connoté négativement sous la plume des journalistes du Monde. Souviens-toi du sous-titre du livre de Lindenberg publié il y a trois ans : "Enquête sur les nouveaux réactionnaires". Et ce livre est une charge contre Houellebecq, Dantec et cie. A l'époque, Le Monde en avait fait sa une.

Ensuite, préciser que Volkoff a été marqué par la pensée de Maurras, même si c'est objectivement vrai, ça n'est pas un compliment que ce journal lui fait.

Bon, tout ça est typique du style jésuitique de ce journal, où, sous des dehors objectifs, on joue sur le sens des mots et leur connotation. Compare la manière dont ce journal relate la mort de Volkoff et celle de Derrida par exemple.

Enfin, Houellebecq se qualifie lui-même de conservateur. Il ne revendique pas l'étiquette de réactionnaire qu'on lui a collée. Savoir si ce mot de réactionnaire est une insulte dépend de qui le prononce. Pour un journal progressiste comme Le Monde, il est clair que ce mot n'est pas un compliment.

"La perversion de la cité commence par la fraude des mots." (Platon)

PS : Le Monde écrit que Volkoff a été un candidat malheureux à l'Académie française. Tu crois que c'est pour lui faire un cadeau ?
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MessageSujet: Re: Décès de Vladimir Volkoff   Décès de Vladimir Volkoff Icon_minitimeSam 1 Oct 2005 - 9:38

Lu sur le forum du Grece :

Vladimir Volkoff : le lieutenant X est mort

Laurent Mabire

C'est une triste nouvelle qui frappe le monde des lettres. L'écrivain Vladimir Volkoff, d'origine russe, est retourné brutalement à la Maison du Père dans la nuit du 14 septembre, jour de la fête de l'exaltation de la sainte Croix. Il avait soixante-douze ans. Profond chrétien et proclamant haut et fort son appartenance à l'orthodoxie, Vladimir Volkoff s'est révélé au public avec son roman le Retournement, en 1979.

Né à Paris le 7 novembre 1932 de parents russes émigrés, arrière petit-neveu du compositeur Tchaïkovski, Vladimir Volkoff était diplômé de lettres classiques. Romancier, essayiste, philosophe, rien de ce qui frappe les sociétés contemporaines n'échappaient à son regard aigu et son style flamboyant. Si les thèmes de l'espionnage, de la Guerre froide, de la manipulation mentale et de la désinformation ont marqué son œuvre, faisant des ouvrages consacrés à ces thèmes des classiques, il s'intéressait beaucoup à la métaphysique et à la spiritualité.

Parmi ses œuvres de jeunesse, qu'il signait parfois sous le pseudonyme de Lavr Divomlikoff, il faut noter l'Agent triple (1962), Métro pour l'enfer (1963), les Mousquetaires de la République (1964), Vers une métrique française (1977). Il était par ailleurs l'auteur longtemps inconnu de la série des Langelot, signée Lieutenant X (à la Bibliothèque verte).

La popularité internationale de Vladimir Volkoff fut lié à son roman le Retournement. Dédié à Graham Greene, un de ses maîtres, ce roman traduit en douze langues tire son titre de la manœuvre consistant à faire travailler à son profit un agent adverse débusqué. Il raconte une histoire d'espionnage où s'affrontent services de renseignement américains, français et soviétiques.

Le paradoxe du mal

Cependant, c'est avec sa tétralogie les Humeurs de la mer que son talent littéraire s'était découvert. Vladimir Dimitrijevic, fondateur de la maison d'édition L'Âge d'homme, raconta comment sa découverte en 1978 de cet énorme manuscrit l'impressionna et déclencha en lui un enthousiasme croissant. De son aveu, Vladimir Volkoff fut l'âme d'une rencontre qu'il estima la plus importante de sa vie d'éditeur. Voici ce qu'il écrivit en 1986, qui permet de saisir l'ampleur de l'écrivain disparu :

"Vladimir Volkoff est un romancier des grands sentiments et des grandes purifications. Mais rien de sentimental chez lui, ni rien d'édulcoré. Au contraire, le thème central de son œuvre est le paradoxe du Mal, qui constitue la pierre d'achoppement de la conduite de ses personnages. [...]

“La caractéristique principale de Volkoff, à mes yeux, se résume en sa fidélité à la foi orthodoxe et à l'histoire de la Russie qui, dans son exil, lui tient lieu de source spirituelle et d'enracinement. Rares sont les écrivains qui ont su transformer la réalité de l'exil avec cette énergie médiatrice où la nostalgie, loin de conduire au repli sur soi ou au désenchantement, se change en puissance vivifiante. [...]

“Dans la lignée de la tradition pédagogique russe, qui s'allie chez lui avec celle des moralistes français, Volkoff manifeste la nécessité impérieuse des grands romanciers appelés à énoncer clairement les idées qu'ils tiennent pour bonnes, envers et contre toutes conventions d'époque, mais sans atrophier non plus la complexité humaine. [...] C'est un bon génie de la cité, un homme droit et un romancier optimiste et bienveillant envers ses personnages, dont aucun n'est assez vil, jusque dans les eaux les plus troubles, pour ne pas être touché par la grâce."

Selon un communiqué platement laconique, le ministre de la Culture déclare qu'avec Vladimir Volkoff, disparaît un "grand personnage de la scène littéraire française et internationale", auteur d'une "œuvre considérable".

"Inventif, prolixe et virtuose, ajoute-t-il, Vladimir Volkoff portait sur notre société un regard empreint d'ironie qui faisait de chacun de ses livres un événement politico-littéraire apprécié du public comme de la critique", trahissant là l'incapacité notoire des services culturels français à reconnaître l'ampleur d'un écrivain au-delà de la notion "d'évènement".

Ses livres historiques, comme la très populaire et talentueuse série des Hommes du tsar (1989), retraçant en roman l'histoire de la Russie de la mort d'Ivan le Terrible à l'avènement des Romanov, ne doivent pas cacher que Volkoff fut l'analyste sans pitié des pouvoirs, manipulations, luttes d'influence et désinformation. De même, son ouvrage sur la Trinité du Mal ou Réquisitoire pour servir au procès posthume de Lénine, Trotski et Staline (1991) ne lui a pas apporté que des amis dans le petit monde culturel où le Mur de Berlin s'érigeait encore.

Vladimir Volkoff était également l'auteur de biographies historiques (Vladimir, le Soleil rouge, Tchaïkovski) et a écrit pour le théâtre. Le Grand Prix Jean-Giono pour l'ensemble de son œuvre lui a été décerné en 1995.

Laissons la conclusion à Vladimir Dimitrijevic qui écrivit en résumé ce bel hommage à l'écrivain disparu : “L'œuvre de Vladimir Volkoff est celle d'un convertisseur, qui baigne dans une lumière d'espérance." ( http://www.libertepolitique.com/public/dec...cle.php?id=1347 )


La disparition subite de Vladimir Volkoff, mort mercredi matin d’une rupture d’anévrisme à l’âge de 72 ans, laisse un vide immense, à la mesure de son talent et de son œuvre qui, par bonheur, nous restent. Ce fils d’émigrés russes, arrière-petitneveu de Tchaïkovsi, était français par la naissance et par le cœur, par les armes (il servit en Algérie) et par la plume, par sa langue élégante, ciselée, extraordinairement riche, car il aimait en faire chanter tous les mots. Il demeurait russe dans sa foi orthodoxe, sa fidélité de fils, dans le souffle et le foisonnement de ses romans.
Il avait de l’aristocratie une haute idée, faite de la conscience du devoir et de la reconnaissance de la valeur du bon travail bien fait.
C’était un amoureux de la chasse, qui permet à l’homme d’épouser un pays comme il épouse une femme, mais ne tuait que ce qu’il pouvait lui-même consommer ; il aimait la vie, et il était (par conséquent) fasciné par le mystère du mal.
C’est pourquoi l’on ne peut pas dire que son œuvre se caractérisa seulement par l’anti-communisme – même si Volkoff fut un grand, un très grand dénonciateur des crimes du communisme. Il savait d’ailleurs en quelques phrases, au détour d’un roman ou d’un essai, en dire la perversion intrinsèque. Il suffit de relire Le Montage, Le Retournement, Le Trêtre, ou d’aller voir (si elle est redonnée un jour au théâtre) sa pièce Yalta. Mais La Trinité du mal, et plus tard Le Complot, allaient atteindre à une dimension plus philosophique, plus profonde, où le mal est défini comme un néant. Le mal réduit à rien, ou plutôt ridiculisé dans l’insignifiance qui se cache derrière ses horribles et très actuelles et très envahissantes réalisations… Mais encore le mal dénoncé, le mal personnage principal de ses romans, le mal parfois trop étalé.
Il était donc logique que Volkoff s’attaquât, après la chute du Mur, à la désinformation, à la montée de l’islam, aux conflits géopolitiques dont les ressorts cachés semblaient se révéler sous sa plume, même pour le lecteur qui ne partageait pas son enthousiasme pour Poutine ou toutes ses analyses des conflits qui aujourd’hui ravagent le monde. Avec Volkoff, il y avait un voisinage tout naturel : il était « de la famille » et c’est pourquoi, après que l’Académie française eut couronné, en 1982, Le Montage, certains affirment que « son étoile littéraire déclina », comme on peut le lire déjà dans quelques nécrologies acerbes. Il n’en est rien, bien sûr. Ce qui déclina, ce fut une certaine consécration médiatique, car Volkoff était trop réactionnaire, trop fin, trop percutant (et même farceur) pour que l’intelligentsia le lui pardonne. Voyez Le Complexe de Procuste, et autres essais qui dégonflent la pensée unique.
Mais Volkoff l’orthodoxe, attiré mystérieusement par Fatima, « inspiré » (dit-il) dans l’écriture de L’Hôte du Pape, roman où catholiques et orthodoxes se croisent, se trouvent, se comprennent sur fond de montages et d’infiltrations, nous aura apporté plus que cela. Pour se réconcilier avec le mystère de la souffrance et le scandale de la Croix, lire ou relire Les Chroniques angéliques, avec cette extraordinaire image d’un fils qui vit dans sa chair les affres de son père officier, monté au front.
Les plus jeunes reprendront, pendant ce temps, la série des Langelot, qui les amusera et leur apprendra en passant le sens du courage et de l’honneur.
Vladimir Volkoff est mort d’un seul coup, comme foudroyé par une balle dans la tête… Tel un combattant ? Il le fut toujours. Que Dieu l’accueille en son paradis, et donne à Carla, sa femme, la force et le courage dans cette peine pour laquelle il n’y pas de consolation humaine.

Jeanne SMITS

Présent daté du vendredi 16 septembre 2005, n°5919, première page

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=141516
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MessageSujet: Re: Décès de Vladimir Volkoff   Décès de Vladimir Volkoff Icon_minitimeDim 9 Oct 2005 - 0:36

Toujours sur le forum du Grece :

Vladimir Volkoff a rejoint sa garde des ombres

Chaque soir, selon la coutume orthodoxe, Vladimir Volkoff priait tous ses morts. “J’ai le sentiment, confiait-il, de me recruter une sorte de garde priante pour l’autre monde, une garde d’ombres qui m’accueillera sur le seuil du prétoire céleste quand mon tour viendra.” Son tour est venu le 13 septembre, beaucoup trop vite, subitement comme pour “l’hôte du pape”, le métropolite de Leningrad, dans les bras de Jean Paul 1er.
La vie et l’œuvre de Vladimir furent une victoire sur les destins brisés de sa famille. La révolution soviétique avait tout balayé. Son grand-père, ses parents, ses oncles ont tout reconstruit et le génie de la vieille Russie parlait de nouveau par la bouche de l’écrivain. Sa rubrique du Who’s Who annonce crânement: “profession du père, laveur de carreaux”. Son grand-père Diedouchka, marqué par la première guerre mondiale, cherchait à lui expliquer ce que la noblesse signifierait pour lui quand il serait grand. Il lui dit: “Pour l’assaut, le premier à sortir de la tranchée ce sera toi.” Devenu grand, Volodia — né en 1932 — mena le combat en Algérie. Une seconde fois, le sort des armes politiques eut raison de son camp. Il devint un témoin et rendit leur honneur aux combattants et toute sa force à la vérité historique.
La guerre devenue idéologique, il fut l’un des premiers à définir et dénoncer la désinformation comme arme massive du bloc communiste. Ce même grand-père, colonel de l’armée du tzar, aimait la France, la grande alliée à laquelle la Russie avait sacrifié sa propre armée en août 1914. Vladimir Volkoff hérita de cet amour et servit la France à son tour. Mais son immense joie fut de retourner sur la terre russe libérée et d’honorer la famille impériale à Saint-Pétersbourg.
Cet ancien agent des services secrets, qui a vu beaucoup de choses dans sa vie (en témoigne son roman “Le Retournement”), qui a vécu de longues années aux Etats-Unis, était “Moyennement démocrate” et plutôt aristocrate selon les titres de ses deux percutants petits livres, remèdes infaillibles contre la bêtise égalitaire contemporaine.
La mère de Volkoff, sorte d’héroïne de Pasternak, écrivait des dialogues de théâtre. Fou de littérature à son tour et particulièrement de théâtre, l’écrivain avait écrit des pièces, les mettant en scène et les jouant lui-même. Qui a assisté à “L’Interrogatoire”, ce dialogue entre un officier allemand prisonnier et son geôlier, officier russe, a senti toute la force et la justesse de l’écrivain.
Ses deux plus grands regrets: que les Alliés aient osé remettre aux Soviétiques les prisonniers allemands et russes, sachant que les malheureux seraient exécutés dès leur arrivée, et que le monde dit libre n’ait jamais organisé de procès du communisme. Mais n’oublions pas, derrière le combattant, le poète tendre d’“Il y a longtemps mon amour”, l’homme pétillant d’humour, insolent du matin au soir pour le plus grand bonheur de ses amis et de ses lecteurs, l’homme riche de mille et un projets sans cesse mis en chantier, et enfin le passionné d’escrime.
Il eût aimé être élu à l’Académie française. Tout est perdu sauf l’honneur. C’est la seule chose qui comptait pour lui.
Son livre préféré, qu’il voulait voir réédité, était “Les Humeurs de la mer”. Son dernier roman, “L’Hôte du pape” nous lègue enfin la plus profonde de ses aspirations, la réunion de l’Eglise catholique et de l’Eglise orthodoxe. Chrétien fervent, Vladimir nous avait donné sa lecture de l’Evangile selon Saint Jean, Saint Luc, Saint Marc et Saint Mathieu. “Si Dieu n’existe pas, tout est permis”, aimait-il rappeler, après Dostoïevski. Et il ne ratait pas ceux qui se permettent tout, les crapules de son roman “Le Bouclage”, la trinité du mal — Lénine, Trotski, Staline — comme Hitler, mais combien de fois n’a-t-il pas rappelé à un public ébahi, abruti de propagande, que le marxisme avait fait infiniment plus de victimes et provoqué plus de troubles que le national-socialisme? Ce fut le sujet de l’une de ses dernières conférences dans le Var.
Il ne savait ni le jour ni l’heure mais, comme la sentinelle, il était prêt. Pas nous…


Anne BRASSIÉ. http://www.rivarol.com/lejournal.html
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Sébastien
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MessageSujet: Re: Décès de Vladimir Volkoff   Décès de Vladimir Volkoff Icon_minitimeVen 16 Juin 2006 - 21:30

DOSSIER H VLADIMIR VOLKOFF

40.00 EUR
410 p.,ISBN: 2-8251-3630-1

Dirigé par L. Helly
L’idée d’un Dossier H Volkoff a vu le jour à la fin du mois de mai 2005. Une grande joie pour Vladimir Volkoff, une enthousiasmante entreprise pour ses amis. Il ne s’agissait pas de faire un panégyrique ou un éloge du grand écrivain qu’il est. Très vite, son éditeur et ami, Vladimir Dimitrijevic, nous a donné une orientation : « Vladimir Volkoff, un pont entre la Russie et la France ».

Le Dossier H Volkoff avait ceci d’exceptionnel qu’il était le premier réalisé autour d’un auteur vivant. Volkoff s’en amusait : « D’habitude, les dossiers sont posthumes, celui­-là sera “préhume” ». Vladimir Volkoff est mort le 14 septembre 2005. Le Dossier H sera posthume comme l’ont été tous les autres. Nous avons gardé notre axe directeur : pont entre la Russie et la France, Vladimir Volkoff est resté russe et il est devenu français. Il avait des convictions et des affections si profondément inscrites dans sa tête et son coeur qu’elles rendaient possibles toutes les discussions.

Archives familiales, correspondances, inédits de l’auteur - tels son autobiographie, écrite pour le Dossier, ou le préambule du roman qu’il avait commencé sur le Jugement dernier -, études littéraires … , tous ces genres vont trouver leur place dans ce Dossier H Volkoff, véritable encyclopédie sur l’oeuvre chatoyante de cet auteur, mort prématurément.

Lydwine Helly

Contributions de :

Jean-Marie Albert, Constantin Andronikof et Marc Andronikof, Antoine Joseph Assaf Florence de Baudus, Serge de Beketch, Jean Bourdier, Robert Bresson, Bruno de Cessole, Françoise Chandernagor, Sergei Chepik, Jacqueline Dauxois, Vladimir Dimitrijevic, Maurice Druon, John Dunaway, Bernard de Fallois, Christopher Gérard, Pierre Gripari, Lydwine Helly…etc.

Novopress
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